Ces dernières années au large du canal de Mozambique et parfois dans la zone de l’océan Indien, les actes de piraterie maritime s’amplifient. Et cela perturbe énormément le trafic dans ces zones et handicape donc en même temps le développement économique lié à la mer. Madagascar et d’autres pays avec l’appui de l’Union européenne (UE) affûtent maintenant leurs armes pour lutter contre la piraterie maritime.

A l’heure actuelle, les grandes puissances s’attèlent à venir à bout de l’Etat Islamique, classé dans le rang des terrorismes et autant dire que la guerre fait rage dans une grande partie du Moyen-Orient. Si sur terre, les grands pays déploient leurs troupes, sur mer, une autre lutte plus acharnée est également engagée. Il s’agit de venir à bout des actes de piraterie maritime. Et c’est dans cette optique que Madagascar par le biais du président Hery Rajaonarimampianina se dit prêt à travailler de concert avec les instances internationales en l’occurrence l’Union européenne et l’Espagne.

Opération Atalante

Amarré au port d’Antsiranana depuis le 9 septembre dernier, le navire de guerre espagnol Galicia L-51 prendra le large ce jour dans le cadre d’une mission militaire et diplomatique dénommée «Atalante» consistant à sécuriser le golfe d’Aden et l’océan Indien. Mais avant que Galicia lève l’ancre, une cérémonie d’accueil digne de ce nom sous l’égide du président de la République, Hery Rajaonarimampianina s’est déroulée samedi dernier au port d’Antsiranana. Ce dernier a rappelé l’importance d’une telle mission, surtout pour une île comme Madagascar et d’offrir dans ce sens la collaboration du pays à tous les niveaux vu que l’océan Indien est une zone hautement stratégique pour le commerce international. «Aussi le passage de Galicia qui assure le commandement de cette flotte opérant sous le drapeau de l’Union européenne à Antsiranana constitue pour nous un signal fort qui reflète bien la confiance et l’importance accordées à notre île dans la promotion de la paix et de la sécurité régionale», a déclaré le chef de l’Etat dans son discours.

En fait, ce n’est pas la première fois que Madagascar a manifesté sa volonté de coopérer avec les partenaires internationaux dans ce domaine. «La Grande île participe depuis plusieurs années à des missions conjointes de sécurisation maritime dont la protection embarquée des bâtiments de commerce, ainsi qu’à d’autres actions qui dans l’ensemble nous a permis de mieux cerner les problématiques sécuritaires dans nos zones maritimes», a continué le chef d’Etat. Une telle collaboration est donc bénéfique pour le pays, d’ailleurs l’homme fort du pays a tenu à lancer un appel au renforcement des liens entre les forces navales, au développement des échanges d’expertises et au partage plus régulier d’informations sur le trafic maritime.

Madagascar s’engage

Outre la piraterie maritime, divers trafics des ressources naturelles et halieutiques troublent aussi le développement économique du pays et ses voisins de la Côte est d’Afrique. Eradiquer ces fléaux se présente toujours comme un défi de taille et sans l’aide extérieure comme c’est le cas actuellement, autant dire que la lutte serait perdue d’avance. C’est pourquoi le président de la République a bien souligné l’importance de renforcer les moyens mis en œuvre. Sous cette optique, Madagascar s’engage à héberger un centre régional de fusion d’informations maritimes permettant de récolter des données stratégiques très utiles pour prévenir les éventuelles menaces et attaques. Et en tant que partenaire dans ce processus, Madagascar s’engage également à raffermir sa coopération avec l’UE et dans ce sens «à renforcer les capacités du port d’Antsiranana qui restera ouvert aux bâtiments de la coalition internationale», a conclu Hery Rajaonarimampianina.

L’Espagne très honorée

Comme son nom l’indique, Galicia est un navire espagnol. D’ailleurs, à titre d’information, l’Espagne fait partie des pays fondateurs de la mission «Atalante», il y a quelques années. Du coup, la présence de l’Etat malgache à Antsiranana témoignant cette volonté du pays d’offrir son aide pour éradiquer ensemble la piraterie maritime, a touché l’Espagne, représentée par son ambassadeur à Madagascar, Juan Ignacio Sell. «Nous sommes honorés par la visite à bord du président de la République et de nombreux membres du gouvernement. C’est un signe aussi puissant de solidarité entre les deux pays de voir un président rendre visite à notre navire et à nos marins», a souligné l’ambassadeur d’Espagne à Madagascar.

En fait, la sécurisation de la zone de l’océan Indien et la lutte contre la piraterie maritime ne sont pas seulement une affaire d’un seul pays. «En montant à bord de Galicia et en offrant sa collaboration, le président de la République reconnaît donc l’importance d’une telle coopération. C’est-à-dire entre Madagascar et l’Union européenne et ce avec la contribution de l’Espagne», a noté Juan Ignacio Sell.

Selon la Commission de l’océan Indien (COI), à cause de la piraterie maritime, Madagascar affiche un manque à gagner de 6,5 millions d’euros par an. Pour dire que les attaques perpétrées contre les navires marchands en l’occurrence constituent un frein au développement économique du pays. En d’autres termes, cette mission «Atalante» a donc pour objectif d’instaurer un climat sécurisé à long terme pour permettre aux pays concernés de développer sereinement leur économie maritime.

Et à entendre l’ambassadeur d’Espagne à Madagascar, «Atalante» ne consiste pas seulement à lutter contre la piraterie, la mission vise également à maintenir l’ordre dans les eaux territoriales afin que les navires marchands puissent circuler librement. Du coup, «la lutte contre la pêche illicite et d’autres trafics sont également parmi les prioritaires», a déclaré Juan Ignacio Sell.

Zoom sur Galicia L-51

Ce navire de guerre bien équipé porte l’ancien nom de Galicia qui est une province du Nord-Ouest de l’Espagne. Fort d’un contingent de 274 membres d’équipage dont 50 femmes, Galicia L-51 est conçu pour des missions anti-piraterie de l’UE dans l’océan Indien. Il dispose d’une plateforme capable d’accueillir plusieurs bateaux. A son bord, il y a un escadron de deux hélicoptères SH3D ainsi que de 4 drones de reconnaissance de fabrication américaine. En un mot, en cas d’alerte, Galicia est prêt à intervenir à tout moment.

En fait, depuis le 6 mai dernier à Djibouti, la 20è mission de ce navire est passée sous le commandement de l’Espagne. Ainsi, Galicia est maintenant commandé par le contre-amiral Alfonso Gomez Fernandez de Cordoba. Ce dernier a remplacé l’Amiral Jonas Haggren de la marine suédoise et se trouve à la tête de la force navale de l’Union européenne composée de 4 navires dont Galicia L-51. Dans la même foulée, Alfonso Gomez est secondé par le capitaine de vaisseau, Rafael Fernandez Pintado.

Lors de son escale à Djibouti en mai, la corvette a dispensé une formation maritime des éléments de la marine Tanzanienne puis Galacia L-51 a patrouillé dans le golf d’Eden, la mer Rouge ainsi que dans la  grande partie de l’océan Indien, notamment aux Seychelles avant de débarquer à Antsiranana le 9 septembre dernier. A noter que le contre-amiral malgache Herinirina Rakotoarison a aussi honoré de sa présence le passage de ce navire à Antsiranana.

L’UE finance à hauteur de 37,5 millions d’euros

Comme il a été mentionné auparavant, la mission «Atalante» est financée par l’Union européenne à hauteur de 37,5 millions d’euros dans le cadre du programme MASE et qui s’inscrit dans la mise en œuvre de la stratégie maritime intégrée de l’Union africaine jusqu’au 2050. A ce sujet, l’ambassadeur de l’UE à Madagascar, Antonio Sanchez Benedito a réitéré son engagement à mener à bien les opérations en vue.

Plusieurs organes assurent la concrétisation du programme, entre autres, la Commission de l’océan Indien (COI) qui est chargée de renforcer les capacités nationales et régionales pour la sécurité  des réseaux d’échanges et de coordination des informations. C’est pourquoi Madagascar hébergera le Centre de fusion d’informations maritimes (CFIM). Et c’est une nouvelle étape en faveur du renforcement de la sécurité maritime dans la zone de l’océan Indien. L’objectif est ainsi de mettre en place un mécanisme régional d’opérations conjointes en mer.

Récemment, une formation pointue a été organisée par la COI qui a vu la participation des Comores, Djibouti, France (Réunion), Madagascar, Maurice, Seychelles et Somalie ainsi que les représentants des organisations régionales (Igad, EAC, Comesa), de l’Union européenne, de l’Union africaine et du Centre multinational de coordination du Golfe de Guinée.


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