Kiev: L’Ukraine est victime d’une agression militaire, dénonce Mgr Sviatoslav Shevchuk

Kiev, 24 août 2014 (Apic) L’Ukraine est victime d’une agression militaire et le silence et l’inaction de la communauté internationale risquent de provoquer d’autres tragédies, dénonce Mgr Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur de Kiev et de Galicie. Le chef de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine a adressé une lettre ouverte aux Conférences épiscopales du monde entier ainsi qu’aux autorités politiques.

Ukaine Larchevque majeur de l`Eglise grco-catholique, Mgr Sviatoslav Shevchuk (Photo: EGCU)

Dans sa lettre, l’archevêque majeur – appelé par son Eglise «patriarche» – souligne que l’Ukraine a besoin du soutien concret de toute la communauté chrétienne et de toutes les personnes de bonne volonté. «Depuis des mois maintenant, le pays subit une déstabilisation soutenue par l’étranger, le séparatisme et les activités terroristes dans les régions de Donetsk et Lougansk, en un mot: la guerre».

Le conflit ukrainien l’Ukraine «affecte la communauté mondiale»

Malheureusement, ajoute-t-il, comme il est devenu manifeste quand l’avion du vol MH17, affrété par la compagnie aérienne Malaysia Airlines, en provenance d’Amsterdam, a été abattu de façon criminelle, l’épreuve que traverse l’Ukraine «affecte la communauté mondiale».

A l’instar du gouvernement de Kiev, Mgr Shevchuk qualifie les séparatistes pro-russes de «terroristes». Il relève que les membres de la petite minorité grecque-catholique et catholique romaine vivant dans les territoires contrôlés par les séparatistes subissent l’oppression. Trois prêtres catholiques ont été kidnappés: Pawel Witek et Viktor Wasowicz, prêtres catholiques romains, et Tykhon Kulbaka, prêtre gréco-catholique. Ce dernier a été retenu en captivité pendant 10 jours, sans accès aux médicaments dont il avait besoin.

L’évêque et quasiment tous les prêtres gréco-catholiques ont été forcés de quitter les environs de Donetsk. Des hommes armés appartenant au «régime séparatiste» sont entrés dans l’église et ont profané le sanctuaire. «Les terroristes ont fait du chantage auprès du clergé en menaçant de s’en prendre à leurs paroissiens».

Tout le monde souffre du conflit

L’archevêque ukrainien rejette fermement les accusations adressées par le Patriarcat de Moscou à l’encontre des aumôniers militaires gréco-catholiques qui inciteraient leurs coreligionnaires à la violence contre les membres des autres Eglises et groupes religieux.

C’est faux, s’indigne Mgr Shevchuk. Selon lui, l’Ukraine est victime d’une agression militaire dont souffre la population toute entière, quelle que soit son appartenance religieuse ou sociale. Des bâtiments, des églises et des monastères de tous les groupes religieux et ethniques ont été endommagés ou détruits. Le clergé de toutes les confessions qui exercent leur ministère pastoral dans les oblasts de Donetsk, de Lougansk et de Crimée a souffert, certains risquant leur propre vie.

Les deux prêtres orthodoxes qui ont été tués dans la région font partie de plus de mille civils tués au cours du conflit et «leur terrible décès n’est pas lié à leurs croyances religieuses». Ils ont été victimes de bombardements accidentels, affirme-t-il.

L’existence des communautés gréco-catholiques et catholiques romaines, ainsi que des paroisses orthodoxes appartenant au Patriarcat de Kiev (qui a fait sécession du Patriarcat de Moscou), et la communauté juive en Crimée a été menacée.

«Accusations diffamatoires» du Patriarcat de Moscou

Mgr Sviatoslav Shevchuk déplore le fait que dans des documents récents publiés à Moscou «au plus haut niveau de l’Eglise orthodoxe russe», en particulier dans une lettre aux primats des Eglises orthodoxes, les grecs catholiques et les orthodoxes ukrainiens du Patriarcat de Kiev, qualifiés de façon irrespectueuse d’«uniates» et de «schismatiques», sont diffamés.

Ils sont tenus pour responsables du conflit militaire dans l’Est de l’Ukraine et sont accusés de d’avoir généré la guerre, en particulier la violence que subissent les membres du clergé orthodoxe et leurs fidèles suite aux opérations militaires. «Les leaders orthodoxes russes diffusent des informations diffamatoires sur les gréco-catholiques et d’autres confessions, et de ce fait, les mettent en danger face aux militants séparatistes qui s’identifient comme des guerriers de l’orthodoxie russe».

«Nous avons besoin de vos prières, écrit encore l’archevêque de Kiev dans son appel, nous avons besoin de votre discernement, de vos bonnes paroles et d’actions efficaces». Ces jours derniers, Mgr Shevchuk a exhorté ses compatriotes à ne pas avoir peur de défendre leur patrie. De son côté le secrétaire du Synode des évêques de l’Eglise grecque-catholique d’Ukraine a estimé que les gouvernements occidentaux devaient prendre les mesures nécessaires pour arrêter le Kremlin et mettre fin au carnage.

«Pravyï sektor» finance l’achat d’armes

Dans le cadre du conflit qui ensanglante leur pays d’origine, les membres de la communauté ukrainienne du Canada ont célébré la Fête nationale de l’Ukraine à Toronto samedi 23 août. «A côté des familles qui chantaient et dansaient», Radio Canada mentionne la présence d’hommes en uniforme militaire de la branche canadienne du groupe ultranationaliste et antirusse «Secteur droit»’ (Pravyï sektor) qui récoltait de l’argent également pour acheter des armes. «Le coordonnateur de la branche canadienne, Petro Shkilnyk, explique que plusieurs des membres ukrainiens n’ont pas d’armes, alors l’argent amassé sert notamment, à leur en acheter», rapporte Radio Canada. (apic/radvat/risu/be)

Comments

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.