Johann Georg Pinsel, Samson tuant le lion, vers 1758, bois polychrome et doré, 139 x 160 x 110 cm (LVIV, MUSÉE NATIONAL).


Le Louvre présente l’œuvre méconnue de Johann Georg Pinsel, actif en Galicie au milieu du XVIIIe siècle, dont la virtuosité, souligne Guilhem Scherf, commissaire de l’exposition, rappelle celle des plus grands sculpteurs baroques germaniques.

 

L’exposition que vous consacrez à Johann Georg Pinsel est une découverte totale pour le grand public, et même pour beaucoup d’historiens de l’art. En quoi Pinsel mérite-t-il les honneurs du Louvre ?
Guilhem Scherf : L’événement s’inscrit dans une série d’expositions initiées par Henri Loyrette et qui ont pour vocation de faire connaître des artistes peu représentés au Louvre et, pour la plupart, étrangers. Dans le domaine de la peinture nous avons eu l’Autrichien Waldmüller, le Danois Abildgaard et, en sculpture, Messerschmidt. Il nous a semblé d’autant plus judicieux de montrer Pinsel que les collections de sculptures baroques des XVIIe et XVIIIe siècles d’Europe centrale et orientale sont quasiment inexistantes au Louvre.

Comment fait-on pour monter une exposition sur un artiste sur lequel on est très peu documenté, dont on ne sait pas grand-chose ?
G. S. : Peu de documents, c’est vrai, mais il y a ses oeuvres, et une École, qui lui succède. Pourtant, ce projet n’aurait pu se construire sans l’aide de deux bonnes fées. La première, ce sont les Ukrainiens eux-mêmes et leur enthousiasme à nous prêter les sculptures de Pinsel. Certes, Pinsel n’est guère connu dans le monde occidental, notamment parce que les catalogues de ses expositions n’ont été publiés qu’en polonais, ukrainien ou tchèque, mais sa renommée est à présent bien établie en Pologne et en Ukraine. Et c’est là qu’interviennent les autres bons esprits, ceux qui ont permis cette reconnaissance : les érudits qui, de chaque côté de la frontière, ont travaillé sur les sources.

Jan Ostrowski, polonais et principal auteur de notre catalogue, a étudié Pinsel sans relâche depuis plusieurs décennies. Notamment en recherchant tous les documents photographiques dans les dépôts d’archives en Pologne, qui montrent les oeuvres in situ, avant que les églises ne soient détruites par la guerre ou l’occupation soviétique, par exemple le décor du choeur de Hodowica. Il faut toujours garder à l’esprit que cette région de Galicie, où travaille Pinsel, a changé maintes fois de nationalité : intégrée dans le royaume de Pologne depuis le XIVe siècle, puis dans l’empire des Habsbourg d’Autriche de 1772 à 1918, polonaise entre les deux guerres mondiales, annexée par l’Union soviétique en 1939, enfin partie de l’Ukraine indépendante en 1991.

L’autre personnalité à l’origine de cette redécouverte, c’est Boris Voznitsky, directeur pendant cinquante ans de la Galerie nationale des beaux-arts de Lviv et, malheureusement, disparu en avril 2012.
Lire la suite dans le
Magazine Connaissance des Arts janvier 2013

À voir :
Johann Georg Pinsel – Un sculpteur baroque en Ukraine au XVIIIe siècle

Informations pratiques sur
Johann Georg Pinsel – Un sculpteur baroque en Ukraine au XVIIIe siècle
dans l’onglet agenda
En savoir plus sur le lieu :
Musée du Louvre

 

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