Jun
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Bienvenue à Lviv : l’étrange ville du Lion
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C’est en
1256 qu’est citée pour la première fois Leopolis, la “ville du lion”. Elle fut
fondée cette année-là sur l’emplacement d’un ancien village par Daniel, prince
de Galicie, qui la nomma en l’honneur de son fils, Léon. “Il n’y pas deux
villes comme Lvov dans toutes les terres rous,”
disait un chroniqueur ayant parcouru la région au Moyen-Age. Construite près de
la voie commerciale reliant la Mer noire à la Baltique, la cité connut
une grande prospérité.
Leopolis,
Leontopolis, Loewenburg, Lwów, Lemberg, Lvov, Lviv, autant de noms pour une
seule et même ville. Cette richesse et ce métissage culturel se retrouvent
dans son architecture. Comme le prouve le cœur même de Lviv, la place du
marché, encadrée de quarante-quatre bâtiments tous de style très différent, allant
de la Renaissance au baroque et à l’empire. En 1707, Pierre le Grand passa à
Lviv et selon la légende, son carrosse s’enlisa dans la boue sur cette place. Au
lendemain de cet incident, le tsar exigea qu’elle soit recouverte de bois. La
ville fut fière de pouvoir se permettre un tel luxe.
Proche par son aspect des grandes villes d’Europe centrale comme Cracovie ou
Prague, Lviv est peuplée de mythes de légendes. Dominée par l’impressionnante
colline du Haut Château, ou Vissokiy
Zamok, qui surplombe la cité de ses 413 mètres, elle est hantée par des
fantômes et des récits mythologiques.
Comme ceux
entourant la cathédrale Saint-Youri, dont les origines sont auréolées de
mystère. A l’époque de la fondation de la ville, alors que des ouvriers
travaillaient à la construction du Haut Château, ils aperçurent au loin une
autre très belle hauteur. Quelques-uns s’y rendirent, mais là, ils tombèrent
sur un énorme serpent. Le prince organisa un conseil puis décida de débarrasser
les lieux du monstre. Il s’élança avec ses chevaliers, dont un certain Youri
qui finit par tuer le serpent. A l’endroit de cette victoire, le prince fit
ériger une église en l’honneur de Youri. La cathédrale
qui l’a remplacée depuis abriterait une icône aux pouvoirs miraculeux.
Les
miracles sont, dit-on, fréquents dans la ville du Lion. A peu de distance de la
cathédrale dominicaine, vous pouvez faire un vœu dans un square où se dresse la
sympathique statue de Nikifor, peintre naïf (1895-1968), qui exaucera vos
souhaits si vous lui caressez, entre autres, le bout du nez. Mais toutes les
légendes ne sont pas aussi charmantes. Et si vous déambulez dans la ville la
nuit, méfiez-vous du fantôme du Moine noir. On raconte qu’un jour, à Lviv, un homme
entra dans les ordres. Mais il ne voulait pas être simple moine, il se rêvait
en religieux d’exception. Aussi, pour que ce malheureux revienne à la raison et
à davantage d’humilité, ses frères l’enfermèrent dans une cellule pour qu’il
demande pardon à Dieu de tant d’orgueil. Un peu plus tard, un voyageur qui le
connaissait étant de passage en ville souhaita le rencontrer. On lui répondit
qu’il n’était pas sorti de la cellule depuis longtemps. Inquiets, ils ouvrirent
la porte, mais la cellule était vide. Ils n’y trouvèrent qu’un bout de papier portant
en lettres de sang le mot “contrat”. Depuis cette époque, le moine noir se
promène dans les souterrains et les ruelles de Lviv. Il lui arrive d’agresser
les passants pour leur demander s’ils n’ont pas vu un voyageur susceptible de
l’aider à annuler le contrat…
Extrait
tiré du livre Cent grands mystères et
énigmes d’Ukraine, Olga Gouk, Ed. Arii, Kiev 2010.
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